Allocution de M. Rachid Talbi El Alami à la suite de sa réélection en tant que Président de la Chambre des Représentants

15/04/2024

M. Rachid Talbi El Alami a été réélu Président de la Chambre des Représentants pour la période restant à courir de la Législature 2021-2026, et ce, lors d'une séance plénière tenue vendredi 12 avril 2024, en obtenant 264 voix sur 324 exprimées. À cette occasion, M. Talbi El Alami a prononcé l’allocution suivante :
 
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux, Prière et Salut sur le Prophète et Sa Noble famille
 
Cher(e)s collègues,
Mesdames et messieurs,
J’ai le plaisir tout d'abord de vous remercier d'avoir renouvelé votre confiance en mon humble personne en me réélisant Président de la Chambre des Représentants pour la deuxième moitié de la onzième Législature. J’espère que je serai à la hauteur de cette responsabilité et de cette confiance et que nous continuerons ensemble à servir notre pays et ses aspirations sous la sage conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste, qui conduit le Maroc avec sagesse et perspicacité vers de plus larges horizons de progrès et de prospérité économique et sociale, consacrant ainsi une renaissance civilisationnelle marocaine ouverte sur le monde, fondée sur une monarchie constitutionnelle, démocratique et sociale enracinée dans l'histoire.
Je tiens à réaffirmer la même conviction que j'ai toujours incarnée, à savoir que je suis le Président de la Chambre des Représentants avec toutes ses composantes, opposition et majorité, et que je continuerai à agir sur cette base, conformément aux dispositions de la Constitution et du Règlement Intérieur de la Chambre. Je remercie donc tout le monde, ceux qui ont voté en faveur de ma candidature ou ceux qui ont eu une autre opinion, que je respecte pleinement.
Il s'agit là encore d'un exercice démocratique normal dans l'État des institutions et du multipartisme, dans lequel l'opposition et la majorité jouent des rôles, aussi différents et contradictoires qu’ils soient, sont cruciales dans la démocratie. Au Maroc, nous pouvons être fiers du contenu avancé et libéral de notre Constitution, qui a permis à l'opposition d'occuper une position fondamentale dans le système institutionnel, en assurant l'équilibre et en garantissant les droits de tous.
Cher(e)s collègues,
Au cours de la seconde moitié de la onzième Législature, nous sommes confrontés à un certain nombre de défis que nous devons contribuer à relever en conjuguant nos efforts à partir de notre position et conformément à nos compétences constitutionnelles et institutionnelles. Nous avons également plusieurs missions à accomplir avec le professionnalisme nécessaire, afin que l'institution puisse contribuer à la dynamique de réforme et de développement.
À cette fin, nous veillerons ensemble à la capitalisation de nos réalisations dans les domaines de la législation, du contrôle de l'action du Gouvernement dans ses différents aspects, de l'évaluation des politiques publiques, ainsi que d'autres fonctions telles que notre travail sur le front de la diplomatie parlementaire, tout en sachant que nous avons accumulé des réalisations, des expertises, des méthodologies de travail et des traditions institutionnelles marocaines profondément enracinées et que nous devons développer et consolider.
À cet égard, nous devons évoquer et garder à l'esprit ce qui est contenu dans le Haut Message adressé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste, aux participants au Symposium national, tenu le 17 janvier 2024, à l'occasion de la commémoration du 60ᵉ anniversaire de la constitution du premier Parlement marocain élu, où Sa Majesté a souligné que "Le travail parlementaire et la démocratie des institutions représentatives ont atteint un niveau élevé de maturité tant en ce qui concerne les compétences qui les structurent que dans l’exercice proprement dit de celles-ci. Une telle évolution se ressent aussi à travers l’ouverture de l’institution parlementaire sur la société civile, l’organisation et la gestion qualitatives de l’action parlementaire et la conclusion de partenariats avec d’autres Parlements nationaux. "
Le Discours de Sa Majesté devrait nous motiver à redoubler d’efforts pour développer davantage notre travail.
Sa Majesté a ajouté : "Néanmoins, en dépit des réalisations accomplies dans ce domaine, il importe de redoubler d’efforts afin que la démocratie représentative institutionnelle puisse se hisser au niveau que Nous lui souhaitons et qui ferait honneur au Maroc. "
Nous devons donc veiller à la promotion du dialogue entre nous, à l’amélioration de la rentabilité et l'efficience, à l’interaction avec les attentes de la société et à la consécration de l'institution comme un espace de gestion des différends et des différences, de proposition et de conviction.
Mesdames et messieurs,
Je ne vais pas anticiper l'agenda législatif pour le reste de la Législature, mais ce qui est certain, c'est qu'il sera riche et qu'il nous demandera de nous mobiliser collectivement pour gagner le pari des réformes parrainées par Sa Majesté, y compris la révision du Code de la famille, dont nous apprécions tous l'importance et la spécificité, ainsi que la sollicitude y accordée par Sa Majesté, le Commandeur des Croyants.
Qu'il s'agisse de ce texte ou d'autres textes et questions à caractère et dimension sociétales, les choses au Maroc se facilitent dans le cadre d'un consensus social, politique et institutionnel et dans le strict respect de la Constitution.
L'histoire contemporaine du Maroc confirme que les grandes réformes ont toujours été accomplies dans le cadre de ce consensus et sur la base du dialogue, de la persuasion et de la prévalence des intérêts suprêmes de notre pays.
Face aux défis extérieurs et pour gagner les enjeux du développement et des réformes, je ne pense pas que nous soyons en désaccord ; car il ne s'agit pas d'une polarisation entre majorité et opposition, tant que tout le monde contribue à les réaliser et tant que cela nécessite l’élan civique et patriotique dont nous sommes fiers au Maroc parce qu'il fait partie des gènes de la politique au Maroc. Les bénéfices qui en découlent ne peuvent être réduits à ce qui est matériel ou développemental, mais ils vont au-delà au renforcement des institutions et de la démocratie, ce qui donne au développement son esprit et ses dimensions de droits et politiques.
En ce qui concerne l'exercice de la compétence de la Chambre en matière de contrôle et d'évaluation des politiques publiques, elle devrait se concentrer sur la rentabilité et le suivi de ce qui a été convenu entre les pouvoirs législatif et exécutif, et de ce qui a été engagé dans le domaine des politiques publiques, car le premier et le dernier objectif est que les citoyens ressentent l'impact de ces politiques et l'effet des dépenses publiques.
Par ailleurs, vous êtes conscients, cher(e)s collègues, du contexte international marqué par des changements géopolitiques et économiques accélérés et de leurs conséquences sur l'ensemble des pays, et sur l’établissement des axes et alliances internationaux.
Ce contexte nous impose, plus que jamais, de nous mobiliser derrière   Sa Majesté, que Dieu l’assiste, pour continuer à défendre nos droits et nos causes légitimes, en particulier la question de notre intégrité territoriale.
Nous devons rester mobilisés dans le cadre des organisations parlementaires multilatérales et dans le cadre de nos relations avec les autres Parlements du monde pour défendre les intérêts de notre pays, sur la base de la vigilance et de la proactivité, armés de la légitimité de nos causes, au premier rang desquelles figure la question de notre intégrité territoriale et en gardant à l'esprit la doctrine de la diplomatie nationale telle qu'elle est conduite et parrainée par Sa Majesté, que Dieu l’assiste.
Mesdames et messieurs,
À ce propos, j’évoque une fois de plus ce qui a été contenu dans le Message Royal à l'occasion de la commémoration du 60ᵉ anniversaire de la constitution du premier Parlement élu, à savoir "la nécessité de reléguer à l’arrière-plan les calculs partisans au profit des intérêts supérieurs de la Nation et des citoyens et de moraliser la vie parlementaire par l’adoption d’un code de déontologie qui soit juridiquement contraignant pour les deux chambres de l’institution législative", ce qui sera en tête de l’agenda de la Chambre lors de la session que nous ouvrons aujourd'hui, en veillant à ce qu'un code avec des dispositions claires et contraignantes soit établi.
Nous devons donc garder à l'esprit ces directives Royales et faire du 60ᵉ anniversaire de la constitution du premier Parlement marocain élu un point de départ pour insuffler une nouvelle dynamique à notre exercice institutionnel et améliorer l'image de l'institution auprès des citoyens, afin de renforcer la confiance dans les institutions et d'impliquer tout le monde dans la construction.
Bonne fête et que Dieu accorde à Sa Majesté le Commandeur des Croyants une santé et un bien-être abondants, ainsi qu'une longue vie pour continuer à mener notre pays vers plus de grandeur et de gloire.
Je vous remercie pour écoute.